La ruée vers l’eau (sous-terraine)

Exploiter les masses d’eau en sous-sol pour chauffer la Wallonie

La Wallonie regorge de masses d’eau facilement accessibles dans le sol. En hiver, ces masses d’eau à température constante de 10°C constituent une ressource exceptionnelle pour alimenter des pompes à chaleur: pour un kWh électrique consommé par ces pompes, pas moins de cinq kWh thermiques renouvelables sont produits ! Problème: la Région wallonne l’interdit, contrairement à tous ses voisins.

En Wallonie, comme dans les régions voisines, il est nécessaire de chauffer les bâtiments en hiver. Aujourd’hui, la quasi totalité des bâtiments se chauffent au gaz ou au mazout. La Belgique consomme plus de 20% de l’énergie qu’elle importe pour chauffer des bâtiments résidentiels et tertiaires. Cela représente plus de 12 millions de tonnes équivalent pétrole chaque année.

A côté des chauffages basés sur la biomasse dont nous avons parlé dans de précédents articles (ici, ici ou encore ici), la technologie des pompes à chaleur (PAC) permet de chauffer les bâtiments en consommant moins d’électricité qu’un chauffage électrique classique.

Les PAC ont un rendement d’autant meilleur que la température d’où elles puisent la chaleur est élevée. A l’inverse, quand la température est très basse, au cœur de l’hiver, le pompage des calories dans un sol froid n’est guère efficient.

La meilleure manière d’améliorer le rendement des PAC en hiver est de disposer d’une masse d’eau à température constante de 10°C. Les coefficients de performance sont alors de l’ordre de 5. Autrement dit, il suffit d’un kWh électrique pour produire 5 kWh thermiques.

Or la Wallonie regorge de telles masses d’eau dans le sol. Il est assez facile techniquement d’y accéder, surtout le long des cours d’eau au débit important, comme la zone alluviale de la Meuse.

Impossible en Wallonie

Malheureusement, et contrairement aux régions voisines, il est complexe voire impossible en Wallonie d’obtenir les autorisations publiques pour accéder à ces masses d’eau. En effet, tous les forages doivent respecter une zone de protection de 10 mètres de rayon, zone qui ne peut pas être accessible au public…

Toutes les régions en Europe ont pourtant transposé la directive-cadre sur l’eau 2000/60 visant notamment à protéger les masses d’eau souterraines. Dans cette directive européenne, il n’est pas fait mention de zone interdite autour d’un forage non destiné à l’eau potable. En Wallonie bien, en vertu d’une règle élaborée fin des années 1980 par une commission composée d’universitaires mais aussi, semble-t-il, de sociétés publiques de production-distribution d’eau qui avaient un intérêt direct à instaurer cette règle.

NowFuture a commandé une étude qui compare le règlement wallon, très restrictif, avec ceux de nos voisins bruxellois, flamands, français et néerlandais. Nos voisins ont eu le souci d’intégrer l’énergie durable en tenant compte du potentiel thermique du sol.

La législation française est la plus aboutie. Elle distingue les nappes phréatiques, rechargées par les précipitations, des nappes aquifères, plus profondes qui se rechargent très lentement, et des nappes alluviales, qui sont assimilées au cours d’eau. Pomper dans ces nappes équivaut à pomper l’eau du cours d’eau voisin.

L’étude, réalisée par Martial Mullenders, juriste et éco-conseiller, consultant en développement durable, formule quelques recommandations que pourraient suivre nos politiques soi-disant environnementales:

– modifier l’article R157 du code de l’eau pour réduire l’exigence de la zone de protection de 10 mètres et renforcer les normes techniques pour protéger les eaux de captages à l’instar de nos voisins européens;

– adopter une classification réaliste des masses d’eau telle qu’en France, afin d’en déterminer les usages;

– encourager les applications thermiques par des incitants au lieu de les décourager par des taxes et règlements inappropriés.

Laurent Minguet

Télécharger l’étude (PDF)

6 Commentaires Laissez le votre

  1. le 1 mars 2012 à 08:29

    4crops@google.com #

    Bonjour,
    Il y a lieu de préciser qu’une PAC ne pompe pas l’eau mais les calories contenues dans cette eau! Donc il n’y a pas de modification de la nappe phréatique. Actuellement un permis unique d’environnement doit être introduit pour réaliser un forage permettant d’accéder à la nappe.

  2. le 1 mars 2012 à 08:37

    Anonymous #

    la température de confort d’une habitation est de 17°.(missenard)la pompe a chaleur mixte dont la source est l’air et l’eau-alternativement) serait la meilleure solution,car nous sommes dans un climat tempéré humide et nous sommes souvent dans des températures supérieures à 10° dans l’air.Au coeur de l’hiver (décembre janvier fevrier)la solution géothermique est préférable.Dans tous les cas,isolation et surtout étanchéité a l’air!!!puit canadien et vmc.Je vis dans une maison nouvelle basse énergie avec PAC air eau.
    Mais le problème reste la production d’ECS.

  3. le 1 mars 2012 à 09:02

    piron #

    l’eau n’est pas le seul vecteur,l’air est a considérer surtout dans notre climat tempéré humide,grenoble n’est pas ostende,nieuport n’est pas virton!les degrés jours sont une indication.exploiter l’eau = oui,sans compromettre sa qualité par une pollution irréversible.dans tous les cas isoler et étancheité a l’air!!! sont a privilégier ainsi que puit canadien et vmc.subsiste le problème de l’ecs!

  4. le 1 mars 2012 à 13:18

    Anonymous #

    L’eau est notre bien le plus précieux en wallonie.
    Nous constatons déjà actuellement les excès de la technique présentée (pompage « sauvage » sans permis et rejet vers les égouts d’une eau pure qui vient des nappes souterraines : quel gachis!)
    Si actuellement l’économie est actuellement au service de la finance, gageons que le génie humain favorise des idées neuves avec comme priorité le développement durable pour le bien-être des générations futures.

  5. le 2 mars 2012 à 08:13

    oui et non,la meilleure solution ne serait-elle pas la pac mixte,tantot prendre les calories dans l’air tantot dans l’eau!nous sommes dans un climat tempéré humide.nous ne sommes pas a grenoble ou dans le vorarlberg!

  6. le 25 mars 2012 à 22:56

    Bonjour Monsieur, ne croyez pas que la région wallonne va prendre une taxe pour prendre cette eau. Comme celle évoqué avec des puits d’eau de récupération, que l’état Belge à voulu instauré ou ce n’est déjà fait.

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