Isolation d’une maison: le tout est supérieur à la somme des parties

Le paradoxe du cloisonnement (2/6)

Supposons qu’on veuille construire une maison bien isolée qui, pour la simplicité de l’exposé, ne serait composée que de fenêtres et de murs. On pourrait penser que la meilleure isolation globale serait celle qui emploierait uniquement les vitrages et les murs au plus faible coefficient de conductibilité thermique symbolisé par la lettre U (anciennement K).

Pour illustrer le paradoxe dans ce cas précis, supposons que les meilleures fenêtres selon ce critère soient de 1,2 W/m²K et le meilleur mur, de 0,3 W/m²K. Pour la facilité de lecture, on oubliera de mentionner l’unité de mesure W/m²K. Supposons encore que l’enveloppe de la maison soit de 100 m² dont 40 m² de vitrage et 60 m² de murs. Le coefficient global sera de:

(40 x 1,2 + 60 x 0,3) / 100 = 0,66

On pensera alors qu’une maison de 100 m² ne peut qu’être moins bien isolée dès lors qu’elle utilise, par exemple, des vitrages de 1,4 au lieu de 1,2 et des murs de 0,4 au lieu de 0,3. C’est pourtant faux si l’architecte diminue la surface vitrée à 20 m² contre 80 m² de murs. En effet, le coefficient global sera dans ce cas de:

(20 x 1,4 + 80 x 0,4) / 100 = 0,60

Je conviens que si le problème avait figé les aires des fenêtres et des murs, le bâtiment construit avec les éléments moins performants aurait un coefficient plus élevé:

(40 x 1,4 + 60 x 0,4) / 100 = 0,80

Mais dès lors qu’on ne fixe pas la quantité de ces éléments, il ne sert à rien de fixer des contraintes sur leurs coefficients propres si on veut optimiser le coefficient global.

C’est pourtant ce que fait la norme complexe que la Région wallonne impose au constructeur. Plutôt que de se borner à lui demander de mettre en œuvre un bâtiment dont le coefficient global soit de K 45 afin de limiter sa déperdition thermique, elle croit bon de lui imposer que tous les éléments qui constituent son enveloppe ne dépassent pas des valeurs fixées, ce qui est inutile.

L.M.

3 Commentaires Laissez le votre

  1. le 14 novembre 2009 à 09:56

    Anonymous #

    La remarque, pertinente, a-t-elle été communiquée au service de la région wallone concerné?

  2. le 2 décembre 2009 à 13:37

    Gauthier #

    L’apport de lumière est quand même essentiel dans une maison.
    J’ai pourtant vu une maison passive au Danemark qui était presque entièrement vitrée afin de rendre effectivement celle-ci « passive ».

    Je vais me renseigner à nouveau sur cette habitation, mais j’ai du mal à penser que réduire la surface vitrée soit la solution la moins contraignante et la plus adaptée dans le problème qui nous intéresse.

  3. le 5 décembre 2009 à 15:37

    cher Gauthier

    bien sur, l’apport solaire est essentiel et permet d’économiser entre 1 et 1,5 litre équivalent mazout par m² par an.

    Mais il faut que la fenêtre soit orientée au sud. Une fenêtre au nord n’apporte quasi pas de chaleur mais en perd beaucoup. Son bilan thermique est négatif.

    De plus, un bilan thermique trop positif provoque des surchauffes en été et même en hiver. Il faut éviter que les ouvertures plein sud ne soit trop grandes à moins de les contrôler dynamiquement par des stores extérieurs.

    Les maisons passives utilisent quasi toujours du triple vitrage car le double vitrage n’est pas suffisamment isolé pour permettre d’atteindre la performance de 1,5 litre équivalent mazout par m² par an.

    bien à vous

    Lauret MINGUET

Laisser une Réponse