ALLÔ PAPA TANGO CHARLIE ?

(24 h de trafic aérien en Europe) 

L’actualité et ses faits nous rappellent constamment l’infinie to do list du développement durable.

Par exemple, comment se peut-il qu’en 2014, deux avions de ligne aient disparu sans qu’on puisse déterminer, avec une précision raisonnable, l’endroit où ils se sont abîmés ?

Dans le cas de l’avion du vol 370 de la Malaysia Airlines, les recherches des boîtes noires ont été abandonnées. On ne saura sans doute jamais ce qui s’est réellement passé le 8 mars 2014. Plusieurs centaines de familles sont privées de leur deuil.

En fait, il faut savoir que les quelque 25.000 avions de ligne de la flotte mondiale qui effectuent environ 100.000 vols quotidiens ne sont pas tous équipés d’un système de géolocalisation à l’instar des flottes de véhicules routiers. Ces systèmes permettent à leurs propriétaires de vérifier, en permanence, où se trouvent les véhicules, ce qui permet de repérer les chauffeurs retardataires comme ceux qui commettent des excès de vitesse ou encore de cibler l’endroit où votre « adulescent » balade l’auto familiale durant la nuit du vendredi soir au samedi matin.

Il existe dans certains avions, un transpondeur qui envoie les données GPS aux radars qui le sollicitent mais il faudra attendre 2020 pour que tous les avions (et encore pas tous et pas dans tous les pays) soient obligés de disposer de ce système. De plus, les signaux du transpondeur ne peuvent être reçus qu’à quelques centaines de kilomètres. Quand un avion se trouve au dessus d’un océan, loin des îles, le signal du transpondeur n’est plus capté.

La navigation maritime mondiale est mieux équipée. Ses centaines de milliers de bateaux disposent d’un système global appelé AIS (Automatic Identification System) qui utilise deux fréquences hertziennes mondiales pour envoyer toutes les 5 secondes en moyenne, les positions et vitesses des bateaux afin d’éviter les collisions mais aussi d’intervenir en cas de dérive ou de piraterie. Le même problème de l’absence de couverture se posait en pleine mer, loin des côtes, aussi le système a été amélioré en 2013 pour relayer les données par satellite (SAT-AIS). Aujourd’hui, tous les bateaux au-delà d’un tonnage significatif sont localisables où qu’ils se trouvent dans le monde ce qui n’est pas le cas des avions.

Pourtant, la technologie existe. On peut même se demander pourquoi chaque avion n’envoie pas les quelques centaines de bits de données permettant de le localiser en utilisant le réseau de mobilophonie satellite Iridium dont l’abonnement ne coûte que quelques centaines d’euros par an et qui couvre toute la planète au moyen de 66 satellites. Il ne serait même pas nécessaire de développer un réseau coûteux de satellites spécifiques pour la géolocalisation de la flotte aérienne.

Les raisons de cet obscurantisme sont multiples.

Le secteur de l’aviation est connu pour être extrêmement réactionnaire et semble moins bien fédéré que celui de la navigation maritime mondiale qui a intégré le bénéfice des nouvelles technologies de géolocalisation et de télécommunication moderne en moins de dix ans. Peut-être faudra-t-il simplement dix années supplémentaires et une douzaine d’avions mystérieusement disparus pour pouvoir enfin dire : « plus jamais ça ».

D’aucuns soulèvent des arguments de sécurité. Il serait imprudent de divulguer la position précise des avions qui deviendraient des proies faciles d’un terrorisme en pleine expansion. Fadaise ! Pour trois euros, vous pouvez déjà acheter l’application FlightRadar24 qui vous donne en temps réel les coordonnées des milliers de vols identifiés par les transpondeurs sur le réseau terrestre. Les données parviennent avec un retard de quelques dizaines de secondes mais vous permettent d’identifier clairement les avions qui passent, pendant plusieurs minutes, au-dessus de votre jardin.

Il y a donc déjà bien assez de cibles pour le terroriste amateur équipé de missiles sol-air à tête chercheuse.

Mais peut-être aussi l’apathie du secteur profite-t-elle aux quelques 65.000 aiguilleurs du ciel. Cette caste de travailleurs très bien payés malgré moins de 1.000 heures de prestations annuelles et une pension précoce a pour mission d’arbitrer le trafic du ballet aérien.

Or, si les positions de tous les avions du monde étaient connues en temps réel par une poignée d’ordinateurs, ceux-ci pourraient facilement anticiper, en quelques millionièmes de seconde, toutes les collisions potentielles et prévenir les pilotes pour corriger leur trajectoire.

On pourrait même imaginer que ces ordinateurs couplés aux données météo pourraient éviter aux avions de croiser des perturbations météorologiques graves et d’éviter des catastrophes comme celle d’Air Asia du 28 décembre 2014. Mais ces progrès risqueraient de coûter quelques dizaines de milliers d’emploi d’une oligarchie disposant d’un extraordinaire pouvoir de grève extrêmement dommageables pour les compagnies d’aviations.

Le futur, c’est maintenant. Souvent la technologie existe et sa mise en œuvre n’est pas toujours compliquée si ce n’est qu’il faut vaincre préalablement les conflits d’intérêts entre le profit et le développement durable.

Laurent Minguet

2 Commentaires Laissez le votre

  1. le 9 janvier 2015 à 10:55

    Huguette Gosset #

    Merci Laurent de tous tes coups de pouce pour faire évoluer la société . Progrès technologiques que ton intelligence et ton dynamisme suggèrent ou créent.
    Je te souhaite une belle année 2015 pleine de joie. Amicalement, Huguette

  2. le 9 janvier 2015 à 13:09

    Jacques Remy #

    Merci pour ce partage qui répond à mes questions. C’est toujours précieux d’avoir des personnes comme vous pour impulser et éclairer.
    Tous mes voeux pour 2015, santé, bonheur et durabilité :)

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