Un plan «bois contre nourriture» entre l’Europe et l’Afrique

africa-705311Le défi climatique – et donc énergétique – que le monde affronte aujourd’hui offre une gigantesque opportunité de développement économique et humain aux régions subtropicales, véritable gisement renouvelable d’énergie et de matériau trop souvent géré de manière anarchique. Or la production naturelle de bois des forêts subtropicales et équatoriales dans le monde correspond chaque année à la moitié de l’énergie primaire mondiale.

Un nouveau rapport de NowFuture.org, téléchargeable ci-dessous en PDF, entend démontrer qu’une sylviculture durable labelisée FSC, sans recours aux OGM, sans intrants, engrais ni pesticides, permettrait à la fois de lutter contre la désertification, de produire du charbon de bois et de l’électricité durable pour les autochtones, et d’exporter du bois-énergie en Europe selon les termes d’un nouveau commerce équitable Nord-Sud bénéficiant largement aux deux parties.

La Casamance, au Sénégal, pourrait constituer une excellente zone pilote. Vu la facture pétrolière actuelle du Sénégal, de nouvelles centrales électriques au bois permettant de subvenir aux besoins présents du Sénégal seraient rentabilisées en 6 ou 7 ans à peine.

Un commerce équitable Nord-Sud pourrait également se développer si le prix d’achat de bois sec subtropical s’établissait entre 20 € et 30 € la tonne, soit un prix rendu (transport par bateau inclus) de 45 € à 60 €. Un tel prix resterait très compétitif sur un marché européen, où la tonne de biomasse se négocie aujourd’hui entre 70 € et 90 €. A ce prix, les exploitants pourraient compter sur des revenus annuels bruts d’environ 400 € à 500 € par ha (contre actuellement 100 €/ha pour la culture de riz), et probablement davantage dans le futur.

Pour équilibrer la balance commerciale, l’Europe et l’Afrique auraient tout intérêt à pratiquer ce commerce dans le cadre d’un plan «bois contre nourriture». En échangeant par exemple 1 tonne de blé européen contre 2 tonnes de bois africain, abstraction faite du transport, les Africains obtiendraient 10 tonnes de céréales et les Européens 20 tonnes de bois à l’hectare exploité localement. Soit de 3 à 10 fois plus que les rendements actuels pour chacune des deux parties.

Le potentiel de marché pour les pays africains concernés s’élève à 1,6 gigatonnes équivalent pétrole (Gtep), soit 100 à 150 milliards d’euros par an – sans compter les économies réalisées sur les importations de pétrole. Un montant deux à trois fois supérieur à toutes les exportations actuelles de tous les pays concernés du Golfe de Guinée et d’Afrique centrale. Les emplois et la richesse générés par ces activités permettraient de lutter efficacement contre la misère et les tensions des zones pauvres, à condition que l’Europe participe au développement des infrastructures de transports et de production d’énergie.

Table des matières

1. Introduction
2. Biomasse en zone subtropicale
3. Culture de bois-énergie en Afrique
4. Intérêt de la sylviculture contre la désertification
5. Utilisation de bois pour la production d’électricité
6. Utilisation de bois pour la production de charbon de bois
7. Utilisation de bois pour l’exportation vers l’Europe
8. Comparaison des potentiels européens et subtropicaux
9. Bénéfices mutuels
10. Potentiel du marché du bois-énergie en Afrique
Bibliographie

Téléchargez le rapport «Production de bois-énergie en zone subtropicale» en PDF.

 

4 Commentaires Laissez le votre

  1. le 2 juillet 2007 à 21:14

    Je suis très favorable à ce type de marché, mais actuellement les pouvoirs en place tant au nord qu’au sud ne laissent guère de place pour de telle transcation, il faut bouger des montagnes voir des dinosaures politiques pour en arriver à un échange simple. Quand on observe simplement déjà les fameux quotas agricoles européens où d’année en année des agriculteurs doivent mettre la clé des champs sous le paillason. Mais on peut y arriver avec la bonne volonté du privé, seul des puissances financières privées pourraient enrayer le processus d’enrichissement personnel des différents intermédiaires dans une telle fillière commerciale. Je me souviens qu’un de mes oncles avaiet au temps d’un ONG au congo, il m’a raconté de ses yeux vus qu’une chemise donnée ici en belgique était interceptée par des personnes avant leur arrivées en terre africaine pour être revendue, un citoyen devait débourser plus de 1,5 fois son salaire pour la chemise donnée de bon coeur en europe… Scandaleux quand on apprend que les autorités ne font rien … Mais bravo pour la réflexion du bois contre nouriture, reste à mettre en place un tel systeme …

  2. le 4 juillet 2007 à 20:25

    Ce commentaire a été supprimé par l’auteur.

  3. le 17 juillet 2007 à 21:34

    Bonjour,
    voilà une approche originale et équilibrée qui mérite toute l’attention des décideurs.
    Sa mise en oeuvre nécessite toutefois que l’on ait 3 choses:
    -1-le bois,
    -2-le blé et
    -3-les moyens de les transporter.
    Cela va de soi et cela mérite donc que l’on ait sur une période assez longue, la certitude que cela puisse fonctionner. Analysons un peu le degré de réalisation de cette certitude.
    -1- Pour le premier terme de l’échange, on ne doit pas se faire trop de soucis: le bois tropical pousse tout seul (ou presque). Il « suffit » d’aller le chercher et de l’amener dans un port. Ce transport n’est certes pas toujours aussi facile à faire qu’à dire, mais c’est loin d’être insurmontable.
    -2- Pour le deuxième terme de l’échange, les excédents européens de céréales (et la quantité de terres inexploitées pour cause de surproduction), sont là pour nous rassurer. Toutes autres choses étant égales, bien sûr. Or beaucoup d’informations laissent penser que le « toutes autres choses… » ne seront plus égales dans un avenir assez proche. Au moins trois événements menacent nos excédents alimentaires:
    -a- les changements climatiques, dont on constate déjà les effets en Belgique, peuvent mettre en préril notre propre production agricole (aspect quantitatif);
    -b- la pénurie de pétrole bon marché, qui va changer la valeur des termes d’échange par l’augmentation des coûts de production (aspect qualitatif). Ajoutons que dans un terme plus trop lointain, la diminution nette de la quantité de pétrole extrait au niveau mondial posera des problèmes de fonctionnement de nos économies, secteur agricole y compris;
    -c- la concurrence des cultures destinées aux bio-carburants qui fera monter le prix des autres productions céréalière (aspect concurrentiel)
    Eclaircissons un peu ces trois événements:
    -a-Je ne m’étendrai pas sur le thème de l’influence du climat sur la production agricole, d’autres que moi sont sensés avoir les compétences suffisantes pour pouvoir le faire.
    -b-Le pétrole va voir ses cours stabilisés à un haut niveau pendant quelques années, celles au cours desquelles nous parcourerons le sommet de la courbe mondiale de production pétrolière. Venant de 10$ la baril il y a quelques années, nous voguons actuellement autour de 50$ et la tendance récente est aux alentours de 70/75$. Quand nous commencerons à descendre sur la courbe de production mondiale (voir à ce sujet le site de l’ ASPO), ce sera sans espoir de retour ni à des prix normaux, ni à des quantités telles qu’aujourd’hui (84 mio de barils par jour). Ce coût sera bien sur intégré dans le prix final de la production céréalière.
    -c- Les bio carburants vont voir leurs prix suivre la même courbe que les prix pétroliers, et donc la valeur de leurs production va tirer vers le haut les prix de vente des autres productions céréalières. A terme, il faudra choisir entre cultiver pour se déplacer ou cultiver pour manger.
    -3- le transport internationnal.
    nous savons que le moins coûteux est le transport maritime, et ce à tous points de vue, coûts et quantité d’énergie dépensée à la tonne.km. Dans la crise pétrolière à venir, ce sera le dernier à être négativement influencé. (Le premier sera l’avion, puis la route, puis le rail et la bateau en dernier). Le transport maritime sera donc relativement préservé de l’évolution des cours du pétrole. Mais toute la manutention terrestre, depuis l’abbattage jusque au quai, sera beaucoup plus coûteuse.

    Des points b et c (et peut-être a) il ressort que les prix des denrées alimentaires vont monter inexorablement. Cela change les termes de l’échange.

    Reste à savoir si la diminution certaine des quantités de pétrole n’entravera pas la quantité des termes de l’échange.
    En effet, moins de produits pétroliers signifie moins de dérivés du pétrole, donc moins d’engrais (dommage!) et moins de pesticides (tant mieux). Ce n’est pas rassurant. En effet, un hectare de maïs cultivé aux normes modernes rend 80 quintaux. De manière naturelle (ou bio), il n’en rend que 30. Soit entre un tiers et la moitié en moins. Au rythme de 5 à 6% de quantité de produits patroliers en moins par an, on aura vite fait de voir fondre nos surplus agricoles et nos production de bio carburants. Une Europe, si pas à l’arrêt, mais en tous les cas ralentie et affamée, sera-t-elle toujours demandeuse de bois importés pour brûler dans ses chaudières?
    La solution n’est-elle pas dans une réduction volontaire et drastique de nos consommations d’énergie?
    En attendant, je projette de transformer mon jardin d’agrément en potager bio. Si je dois mourrir à cause du dérèglement climatique, que ce ne soit pas de faim!
    Michel
    Ingénieur Commercial

  4. le 17 juillet 2007 à 21:38

    Bonjour,
    voilà une approche originale et équilibrée qui mérite toute l’attention des décideurs.
    Sa mise en oeuvre nécessite toutefois que l’on ait 3 choses:
    -1-le bois,
    -2-le blé et
    -3-les moyens de les transporter.
    Cela va de soi et cela mérite donc que l’on ait sur une période assez longue, la certitude que cela puisse fonctionner. Analysons un peu le degré de réalisation de cette certitude.
    -1- Pour le premier terme de l’échange, on ne doit pas se faire trop de soucis: le bois tropical pousse tout seul (ou presque). Il « suffit » d’aller le chercher et de l’amener dans un port. Ce transport n’est certes pas toujours aussi facile à faire qu’à dire, mais c’est loin d’être insurmontable.
    -2- Pour le deuxième terme de l’échange, les excédents européens de céréales (et la quantité de terres inexploitées pour cause de surproduction), sont là pour nous rassurer. Toutes autres choses étant égales, bien sûr. Or beaucoup d’informations laissent penser que le « toutes autres choses… » ne seront plus égales dans un avenir assez proche. Au moins trois événements menacent nos excédents alimentaires:
    -a- les changements climatiques, dont on constate déjà les effets en Belgique, peuvent mettre en préril notre propre production agricole (aspect quantitatif);
    -b- la pénurie de pétrole bon marché, qui va changer la valeur des termes d’échange par l’augmentation des coûts de production (aspect qualitatif). Ajoutons que dans un terme plus trop lointain, la diminution nette de la quantité de pétrole extrait au niveau mondial posera des problèmes de fonctionnement de nos économies, secteur agricole y compris;
    -c- la concurrence des cultures destinées aux bio-carburants qui fera monter le prix des autres productions céréalière (aspect concurrentiel)
    Eclaircissons un peu ces trois événements:
    -a-Je ne m’étendrai pas sur le thème de l’influence du climat sur la production agricole, d’autres que moi sont sensés avoir les compétences suffisantes pour pouvoir le faire.
    -b-Le pétrole va voir ses cours stabilisés à un haut niveau pendant quelques années, celles au cours desquelles nous parcourerons le sommet de la courbe mondiale de production pétrolière. Venant de 10$ la baril il y a quelques années, nous voguons actuellement autour de 50$ et la tendance récente est aux alentours de 70/75$. Quand nous commencerons à descendre sur la courbe de production mondiale (voir à ce sujet le site de l’ ASPO), ce sera sans espoir de retour ni à des prix normaux, ni à des quantités telles qu’aujourd’hui (84 mio de barils par jour). Ce coût sera bien sur intégré dans le prix final de la production céréalière.
    -c- Les bio carburants vont voir leurs prix suivre la même courbe que les prix pétroliers, et donc la valeur de leurs production va tirer vers le haut les prix de vente des autres productions céréalières. A terme, il faudra choisir entre cultiver pour se déplacer ou cultiver pour manger.
    -3- le transport internationnal.
    nous savons que le moins coûteux est le transport maritime, et ce à tous points de vue, coûts et quantité d’énergie dépensée à la tonne.km. Dans la crise pétrolière à venir, ce sera le dernier à être négativement influencé. (Le premier sera l’avion, puis la route, puis le rail et la bateau en dernier). Le transport maritime sera donc relativement préservé de l’évolution des cours du pétrole. Mais toute la manutention terrestre, depuis l’abbattage jusque au quai, sera beaucoup plus coûteuse.

    Des points b et c (et peut-être a) il ressort que les prix des denrées alimentaires vont monter inexorablement. Cela change les termes de l’échange.

    Reste à savoir si la diminution certaine des quantités de pétrole n’entravera pas la quantité des termes de l’échange.
    En effet, moins de produits pétroliers signifie moins de dérivés du pétrole, donc moins d’engrais (dommage!) et moins de pesticides (tant mieux). Ce n’est pas rassurant. En effet, un hectare de maïs cultivé aux normes modernes rend 80 quintaux. De manière naturelle (ou bio), il n’en rend que 30. Soit entre un tiers et la moitié en moins. Au rythme de 5 à 6% de quantité de produits patroliers en moins par an, on aura vite fait de voir fondre nos surplus agricoles et nos production de bio carburants. Une Europe, si pas à l’arrêt, mais en tous les cas ralentie et affamée, sera-t-elle toujours demandeuse de bois importés pour brûler dans ses chaudières?
    La solution n’est-elle pas dans une réduction volontaire et drastique de nos consommations d’énergie?
    En attendant, je projette de transformer mon jardin d’agrément en potager bio. Si je dois mourrir à cause du dérèglement climatique, que ce ne soit pas de faim!
    Michel
    Ingénieur Commercial

Laisser une Réponse