Développer les réseaux de chaleur « verte » en Belgique


Comment booster le développement des réseaux de chaleur verte au bois-énergie en Belgique? Réponse dans le nouveau rapport de NowFuture, qui propose notamment la création d’un «certificat thermique» régional pour chaque tonne de CO2 économisée grâce à la production de chaleur verte.

La technologie des réseaux de chaleur au bois-énergie est mature. Contrairement aux autres modes de production, elle permet d’offrir au particulier une chaleur compétitive au prix peu volatil. De plus, l’investissement dans un réseau de chaleur ne coûte pas plus cher que dans un réseau de gaz. Selon le plan De Crop-Minguet, qui n’a jamais été démenti depuis sa publication en juin 2009, 50% des besoins de chaleur de la Belgique (6 MTep) pourraient être distribués dans les agglomérations grâce à 30.000 km de réseaux de chaleur au bois-énergie.

Comment dès lors booster le déploiement de ces réseaux «verts»? Ceux-ci devraient, dans un premier temps, bénéficier d’aides à l’investissement face à la concurrence déloyale des réseaux de gaz. Le pouvoir public devrait en outre organiser la collecte des redevances de réseau afin d’en faciliter le financement, et créer un certificat thermique régional financé par la consommation de gaz.

La chaleur livrée par un réseau de chaleur au bois-énergie est plus compétitive que la production individuelle classique si elle est facturée à un prix de 6 c€/kWh utile environ, en plus d’une redevance liée directement à l’investissement dans le réseau et au raccordement.

Aujourd’hui, il n’existe pas encore de mécanisme de soutien à la production de chaleur renouvelable, contrairement à la cogénération d’électricité et de chaleur (cogénération au gaz ou à la biomasse) qui, elle, bénéficie de certificats verts (CV). La chaleur produite devrait donc pouvoir obtenir un certificat thermique (CT) pour chaque tonne de CO2 économisée.

Le prix du CT pourrait être fixé, par exemple, d’après les meilleures technologies de captation et séquestration de CO2 : si l’élimination d’une tonne de gaz carbonique coûte 40 €, le prix d’un CT devrait se situer à 10 €/MWh produit. Le mécanisme de soutien public serait donc de 1 c€/kWh net consommé.

De plus, il serait logique que les réseaux de chaleur bénéficient d’une aide à l’investissement similaire à l’aide à la production d’électricité verte. En pratique, cela reviendrait à ce que la Région intervienne à hauteur de 30% à 35% (la législation européenne lui permet de monter jusqu’à 70%) dans un réseau de chaleur destiné à transporter de la chaleur «verte».

Le pouvoir politique devrait en outre empêcher l’extension des réseaux de gaz, qui sont concurrents aux réseaux de chaleur. Aujourd’hui les intercommunales continuent à développer des réseaux de gaz qui contribuent à rendre les logements «carbon addict», alors qu’elles devraient se muer progressivement en distributeurs de chaleur verte.

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2 Commentaires Laissez le votre

  1. le 19 janvier 2011 à 16:09

    Bonjour,

    Je vois que comme d’habitude, votre plan est clair, bien documenté et peut rapidement être mis en œuvre.

    Il semblerait que votre projet n’est pas réalisable sans aide publique.
    Les pouvoirs publics ont effectivement déjà commencé à subsidier les sources d’énergie renouvelable.
    Je me demande toutefois si dans le contexte actuel d’austérité auquel est et va être soumis le budget régional, nos politicien(ne)s sauront choisir cette voie.

    Qu’avez-vous prévu pour les convaincre de vous suivre dans vos propositions?
    Est-ce que cette proposition de redevance et de subsidiation sera bénéfique pour le budget régional ou au minimum pas trop négatif?

    J’attends avec impatience de voir comment vous allez convaincre nos pouvoirs publics d’investir dans un système qui leur permettra de respecter leurs engagements internationaux et d’offrir une meilleure qualité de l’environnement à leurs électeurs.
    Merci pour votre engagement.

  2. le 9 mars 2011 à 16:03

    Anonymous #

    Bonjour à vous.

    J’ai pris l’occasion de lire votre plan Decrop-Minguet «cogénération-biomasse Belgique».
    Il est éminemment intéressant.

    J’ai pris également le temps de lire votre rapport du 17 janvier 2011 sur le « certificat thermique ».

    Je m’étonne qu’il ne soit fait, de la part des promoteurs de « l’énergie bois » en belgique (tants les institutionnels que les privés) aucune référence à la ville autrichienne de Güssing.

    Güssing est la première ville européenne autonome en énergie, tant sur les plans électrique que thermique.

    Pourtant , dans les années 80, de part sa position géographique à la limite du « rideau de fer », cette ville devait faire face à un exode rural massif conjugué à un taux de chômage important.

    En se concentrant sur ses atouts, elle a réussi à créer de l’emploi, réancrer sa population et diminuer sa facture énergétique.

    Un exemple à travers l’europe…

    http://www.uvcw.be/articles/1,354,1,0,3374.htm

    Merci à vous.

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