Craindre le spectre de la déflation ? Une peur naïve…

En cette période de désinflation caractérisée par un ralentissement de l’inflation, souvent inférieure à 1% annuel en Europe, on entend de plus en plus parler du risque de déflation c’est-à-dire une baisse générale des prix. La crainte des économistes keynésiens est que cette déflation conduise à une spirale d’anémie de la consommation. La théorie voudrait que le consommateur ou l’investisseur reporte ses achats sachant qu’il réalisera une meilleure affaire en attendant, puisque les prix diminuent.


Ce raisonnement semble cependant un peu naïf. 

En effet, quel consommateur va postposer un achat pendant un an si la tendance indique que le prix pourrait être 1% moins cher ? La phrase est au conditionnel car rien ne garantit que les prix vont effectivement baisser d’un misérable pourcent. 

 

C’est peu vraisemblable si l’on observe, par exemple, le comportement du consommateur de technologies IT (ordinateur, smartphone, écran plat, etc.). Depuis les premiers pas de ces produits dans le marché grand public, au début des années 70, les progrès technologiques et l’amortissement de la recherche ont conduit à ce que le prix d’un produit diminue constamment à performance égale. Par exemple, en 1974, une calculatrice de base coûtait 5.000 BEF soit l’équivalent actualisé de 600 €. Aujourd’hui, ce prix a été divisé par cent soit une diminution moyenne de 12% par an. Malgré cette tendance assez tôt intégrée par les consommateurs, la majorité d’entre eux n’attendent pas pour s’équiper d’Iphone ou de PC portables au fur et à mesure qu’ils apparaissent sur le marché, malgré la tendance avérée d’une diminution du coût de plus de 10% en seulement un an.

Il en est de même pour les achats vestimentaires. Chaque consommateur sait que la période des soldes lui permettra d’acquérir le même bien avec une réduction allant de 20% à plus de 50% en patientant seulement 6 mois. Pourtant, beaucoup de consommateurs effectuent leur shopping sans attendre cette période des soldes et c’est heureux pour les commerçants. 

Outre ces deux exemples, la consommation de beaucoup de biens n’est pas très élastique, par la force des choses. Ainsi, même si l’on savait que le prix de l’énergie, de la nourriture ou de la mobilité allait diminuer sensiblement dans un mois, personne ne se priverait d’électricité, de chauffage, de se nourrir ou de se déplacer pendant cette période pour bénéficier de l’aubaine. 

Il existe également des biens dont on peut différer l’achat comme par exemple un logement. Mais qui tiendra compte d’une soi-disant tendance baissière pour en reporter l’acquisition ? Il en va autrement d’un acheteur qui profite d’une baisse de prix pour se décider à investir comme c’est le cas en Espagne où l’immobilier a connu une correction de plusieurs dizaines de pourcent par rapport à 2009. Mais si quelqu’un achète une villa aujourd’hui plutôt qu’il y a cinq ans, c’est parce qu’il a constaté que le prix avait fort diminué. Ce n’est pas parce qu’il savait, il y a cinq ans, que les prix allaient fortement diminuer et qu’il fallait donc attendre faire une bonne affaire. 
Personne n’a de boule de cristal.
C’est la baisse de prix qui a renforcé la demande et non la demande qui attendait la baisse des prix. 

L’économiste ou le politicien qui affirme que la déflation induirait une spirale déflationniste se trompe. Ce n’est pas la déflation qui induit un ralentissement économique, c’est l’inverse. 

Les causes du ralentissement économique de l’Europe occidentale ne s’expliquent pas par la déflation ou le risque de déflation ni même par une croissance anémique du produit intérieur brut (PIB). 

Il y a d’autres raisons aux délocalisations industrielles qui diminuent la masse de biens que nos pays offrent au marché global en échange d’autre biens que nous ne produisons pas ou plus comme le pétrole, le gaz, le charbon, l’acier, beaucoup d’équipements électroménagers ou électroniques, de vêtements, de mobilier, etc. 

D’abord les capitaux se sont diffusés en dehors du monde occidental permettant à des Indiens, des Chinois ou des Brésiliens d’y investir. Et un investisseur imperméable au bien-être occidental préférera optimiser ses investissements là où ils sont le plus rentables. Le coût de la main d’œuvre, de l’énergie, de la fiscalité, sont des paramètres importants dans la rentabilité d’une industrie à côté du savoir-faire technologique, de la stabilité politique, de la logistique et du marché local qui demeurent souvent des atouts pour l’industrie en Europe. Mais, progressivement, les avantages ne suffisent pas à compenser les inconvénients surtout si le pôle de consommation se déplace de l’occident vers l’Asie où plus de consommateurs disposent individuellement de plus de moyens. 

Contrairement aux États-Unis qui disposent de gaz de roches exploitables, l’Europe ne peut pas faire grand-chose pour que le prix de son énergie redevienne compétitif comme quand elle disposait d’un charbon abondant, il y a cent ans. 

Les énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse) sont encore souvent moins compétitives que le gaz et surtout que le charbon. Il faut plutôt agir sur l’efficience énergétique c’est-à-dire satisfaire davantage de besoins – fabriquer un objet, chauffer une maison, déplacer un véhicule, etc. – avec moins d’énergie. Encore faut-il que l’investissement nécessaire pour y parvenir soit lui-même rentable. 

La plupart des pays occidentaux sont coincés budgétairement par les promesses politiques accumulées depuis la fin de la deuxième guerre mondiale : les pensions, les soins de santé, les allocations de chômage, l’enseignement et biens d’autres services publics gratuits. 

Pour la majorité de la population, il n’est pas envisageable de diminuer certains avantages acquis pour alléger la charge des États, lesquels se sont endettés souvent au-delà du soutenable. Il est donc difficile de diminuer la fiscalité nécessaire à financer l’action publique et diminuer la dette. Au contraire, les États surendettés devraient augmenter l’impôt actuellement insuffisant à couvrir ces besoins. 

Quant à réduire le coût horaire, seule l’Allemagne visionnaire ou la Grèce contrainte s’y sont exercées. Les syndicats disent que cette course au coût salarial est perdue d’avance puisque nous ne pourrons jamais rivaliser avec les 200 € mensuels d’un ouvrier chinois.

Pourtant, si nous persistons à maintenir les droits acquis au détriment de notre compétitivité, la désindustrialisation va se perpétuer ce qui réduira la production de biens d’échanges sur le marché global. Nous pourrons encore compter sur les produits de niche et d’innovation mais qui, eux aussi, sont soumis à une force centrifuge. 

Il restera aussi l’exportation de services touristiques, du moins tant que les Chinois préféreront dépenser plus pour voir la vraie tour Eiffel plutôt que ses copies de Hangzhou et Shenzhen. 

L’Europe du XXIIe siècle réduite à un continent-musée gastronomique et ludique pour les ressortissants des nouveaux riches d’Amérique et d’Asie ? C’est possible, mais les conditions salariales auront subi une sérieuse correction car ces continents regorgent aussi de paysages, de patrimoine, de gastronomie séculaire. Il s’agira d’être également compétitif dans cette filière touristique. 

Plutôt que d’envisager ces scénarios comme des déclins, ne sont-ils pas révélateurs d’un monde où de plus en plus de pays se développent et où les richesses des nations s’équilibrent, petit à petit, même si au sein de ces nations subsistent d’énormes inégalités à l’instar de celles de nos sociétés il y a moins de cent ans ? 

Bien entendu, la tendance au développement n’est pas générale. Quantité de pays, singulièrement en Afrique, semblent voués à un sous-développement chronique.

Pourtant, l’Afrique est le continent potentiellement le plus riche en terres, énergies et ressources minières. Ses pays rejoindront progressivement le club des pays riches quand la gouvernance succèdera aux guerres civiles. L’Europe a dû elle-même attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour connaître la paix à l’intérieur de ses frontières et pour que les femmes accèdent au droit de vote. Tout vient à point à qui sait attendre. 

Mais ce message est difficile à vendre auprès d’une population habituée depuis des décennies à vivre au-dessus de ses moyens. Sans doute devra-t-on passer par une vraie crise pour remettre en question brutalement une série de règles établies. Pour éviter ce choc, il faudrait équilibrer les acquis plus équitablement. Par exemple, pour les pensions, les réduire à 1.200€ par mois pour tous. Et augmenter l’âge de la pension de sorte que, statistiquement le budget des pensions versées soit égal au budget des cotisations sociales versées à cet effet. Il faudra sans doute prévoir un régime spécial pour permettre d’engager des personnes âgées à des tâches peu pénibles afin qu’elles puissent trouver du travail jusqu’à l’âge de la pension et ne pas grossir les rangs du chômage. Il faut aussi revoir le traitement des fonctionnaires par rapport au secteur privé. Cela n’a pas de sens que les salaires soient plus élevés dans l’administration. 

Bref plutôt que de vivre un jour ce qu’a connu récemment la Grèce, il faudrait corriger, sagement et progressivement, dès à présent, les problèmes et erreurs d’appréciation dont nous avons hérité. 

Laurent Minguet

5 Commentaires Laissez le votre

  1. le 10 septembre 2014 à 19:12

    Anonymous #

    Si on peut être d’accord avec une partie de ton message qui est :  » Il faut diminuer l’endettement des Etats pour retrouver une possibilté d’orienter la société vers les défis du futur », qui ne sont pas simples ;
    l’avenir de notre espèce est en question . Comme solution principale, tu parles de s’en prendre aux droits acquis hérités des politiques sociales d’après guerre qui feraient qu’une large partie de la population vit au-dessus de ses moyens; mais quand tu passes à Grivegnée-bas ou à Ougrée ou à Lodelinsart, crois-tu vraiment qu’une large partie de la population soit de joyeux profiteurs ?

    Autre solution que tu préconises, remettre les personnes âgées à un travail léger alors que dans notre société les jeunes ne trouvent pas de boulot! Si j’adhère à une partie de ton message, je trouve que tu prends des raccourcis inutilement choquants et il y a des questions importantes qui sont oubliées :

    – le travail qui se raréfie et la robotisation qui, en soi, est une bonne chose posent la question de la déconnection des « revenus de subsistance », du travail humain .

    – la financiarisation de l’économie qui depuis les années 1980 et les théories de Friedman et Hayeck appliquées par Tatcher ET Reagan ont conduit à une spéculation mortifère qu’il faudra bien un jour réguler efficacement (peut-être revoir les théories de Keynes avec un autre oeil * ) .

    – il est difficile aussi de parler de déflation sans parler de cette Europe qui n’arrive pas à accoucher. Un Euro sans fédération des Etats européens, c’est un non sens financier; comme nous sommes en train de le voir .

    À un autre paragraphe tu dis : –  » Pourtant, l’Afrique est le continent potentiellement le plus riche en terres, énergies et ressources minières. Ses pays rejoindront progressivement le club des pays riches quand la gouvernance succèdera aux guerres civiles. L’Europe a dû elle-même attendre la fin de la deuxième guerre mondiale pour connaître la paix à l’intérieur de ses frontières et pour que les femmes accèdent au droit de vote. Tout vient à point à qui sait attendre  » – . Je te renvoye à l’actualité brûlante du Moyen-Orient et de l’Afrique où les populations qui meurent ne peuvent attendre, mieux vaut mourrir les armes à la main en se révoltant que périr sous la botte de la dictature .

    Le côté productiviste de ton discours pose problème, va-t-on s’en sortir grâce à une compétition style Chinois ou Allemands ? Le modèle n’est pas généralisable tout simplement par manque de consommateurs .

    La déflation peut aussi s’expliquer par la crainte : Je reporte mes achats, les temps sont incertains, vaut mieux avoir de l’argent de côté ( c’est comme cela que la maigre « poire pour la soif » de ma pauvre mère a été mangée par l’ogre  » Friedmanien  » DEXIA ) .

    Vincent FAGNOUL

    * lire le livre de Paul JORION et Bruno COLMANT  » Penser l’économie autrement  » chez Fayard

    • le 25 septembre 2014 à 07:53

      Laurent Minguet #

      (Réponse en 2 parties – le système les limite à 4000 caractères)

      Partie 1 :

      Cher Vincent Fagnoul,

      Merci pour ta critique indignée.

      Mon propos est que si un État s’endette à un niveau stratosphérique, c’est qu’il donne à la collectivité davantage que ce qu’il perçoit. Ce n’est pas soutenable. Il peut arriver ce qu’ont connu les Grecs : l’impossibilité de refinancer la dette publique par perte de confiance des créditeurs qui entraîne un blackout pour reprendre une image actuelle.

      Je n’ai pas dit que nous vivons tous au dessus de nos moyens. C’est la collectivité qui vit au dessus de ses moyens. Certains s’en sortent mieux que d’autres. Il est évident qu’un pauvre habitant des régions que tu mentionnes reçoit moins de soutien social que d’autres. Par exemple, certains pensionnés touchent plus de 2.800 € net mensuel soit deux fois le salaire minimal d’un travailleur. Cette injustice sociale est due à l’accumulation de promesses de l’État depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, à une époque où le pensionné ne jouissait statistiquement que de quelques années de vie après l’âge de la retraite. Avec l’allongement de l’espérance de vie, les pensions sont payées statistiquement pendant des dizaines d’années ce qui n’était pas imaginable dans les années 50.
      Récemment, un constat intriguant est tombé en Belgique. Le pouvoir d’achat cumulé des actifs est inférieur à celui des inactifs. Parmi ceux-ci d’énormes inégalités. Un indépendant pensionné doit se contenter d’une allocation parfois inférieure à 500 € par mois alors que des chômeurs à vie perçoivent 900 €. C’est injuste. Ce sont des règles créées à des moments différents qui aboutissent à de telles incohérences.
      Il faut rééquilibrer ces allocations sociales en limitant les plus élevées. Cela ne fera évidemment pas plaisir à ceux qui touchent de grosses allocations pas plus que cela ne fait plaisir aux riches quand on parle de taxer leur patrimoine ou aux propriétaires de panneaux photovoltaïque quand on leur impose de gagner moins que ce qu’on leur avait promis un peu bêtement sans avoir calculé soigneusement à quoi la collectivité s’engageait et malgré que des observateurs plus avisés les aient prévenus bien à temps du monstrueux système anti-redistributif qu’ils généraient.

      Repousser l’âge de la pension. C’est évident. Tous les économistes sont d’accord là-dessus. Si les vieux créent de la richesse, la nation a davantage de biens et de services à partager. D’ailleurs, en Suède, on voit des ouvriers de 70 ans et le taux de chômage est bien inférieur à celui de Wallonie où certains pensionnés ont à peine 50 ans. Bien entendu, on doit tenir compte de la forme physique. Un ouvrier de 60 ans ne peut plus transporter des blocs de béton à la main mais peut manipuler une grue ou former des jeunes en partageant sa grande expérience. Il n’y a plus que certains syndicats qui prétendent que si les vieux travaillent, ils prennent l’emploi des jeunes, à l’instar de l’extrême-droite qui prétend que si les étrangers travaillent, ils prennent l’emploi des autochtones. C’est faux. Plus il y a des immigrés qui travaillent plus ils créent de la richesse et de l’emploi. Ceux qui ne créent pas de richesse sont les inactifs et les absents.

    • le 25 septembre 2014 à 07:53

      Laurent Minguet #

      Partie 2 :

      Le travail ne se raréfie pas malgré l’automation. Bien au contraire. Les robots permettent de créer davantage de richesse en libérant la main d’œuvre pour des tâches plus complexes à automatiser. Nos besoins sont loin d’être satisfaits. Il n’y a pas assez de personnes pour garder les enfants, assister les handicapés et les personnes âgées, être à l’écoute des personnes seules qui sont de plus en plus nombreuses. Quand je pars en vacances, je vais me faire plaisir dans un pays lointain mais je ne produis plus de biens et de services dans mon pays. Je ne suis pas en train de dire qu’il ne faut plus partir en Tunisie mais qu’il y a une injustice quand certains y partent souvent pendant que beaucoup n’y partent jamais même s’ils créent des richesses. Ce sont les nouveaux serfs. Ils gagnent juste de quoi subsister dans leur village et payent des taxes qui servent non plus au seigneur mais aux seniors qui ont la chance, plus que le mérite, de percevoir une pension élevée.

      Les spéculateurs ne sont pas seulement des financiers à l’image d’Albert Frère mais beaucoup de personnes suffisamment âgées pour avoir accumulé un patrimoine que tous souhaitent voir grandir de plus en plus. L’économie ainsi que l’activité industrielle et commerciale ont toujours été financiarisées. Que faisaient nos grands-parents en plaçant leurs économies dans les tramways de Saint-Pétersbourg ? De la spéculation ou du développement durable ? Après la deuxième guerre mondiale, de grands projets ont été porté par les États alors qu’auparavant, même la banque nationale était une société privée. Aujourd’hui, l’État Belge gère plus de la moitié du produit intérieur brut. Je pense qu’il devrait prendre davantage d’investissement à sa charge comme, par exemple, la production de l’énergie grâce au coût très bas de l’argent qu’il emploie contrairement au secteur privé pour qui le coût du capital est nettement plus élevé. Cela permettrait de disposer d’une électricité moins chère et d’éviter les délestages… si de bons gestionnaires sont aux commandes et pas des apparatchiks.

      Beaucoup de pays d’Afrique sont la proie de dictateurs kleptocrates comme c’était le cas en Lybie. Le problème est qu’on remplace souvent une dictature par une autre. Même issu d’une élection, un gouvernement peut se comporter en dictateur qui impose une idéologie liberticide ou un partage inégal des richesses. Ce qui manque à l’homme est un supplément d’âme. Ce qui manque en Afrique est un supplément d’éducation. Quand 75% de la population est illettrée et ne comprend pas la langue parlée dans les médias, comment peut-elle choisir le bon représentant ?

      Bien sûr que la déflation s’explique par la crainte de trop dépenser son patrimoine et de se retrouver sans moyen pour traverser des périodes encore plus sombres. C’est donc bien une cause de la déflation et non une conséquence ainsi que le prétendent ceux que je contredis au début de l’article ci-dessus. Voilà pourquoi il faut tout faire pour illuminer le futur et pas persister dans des modèles insoutenables et obsolètes.

    • le 29 septembre 2014 à 08:36

      Vincent Fagnoul #

      Bonjour Laurent,

      Il me semble que ta critique de la dette des états due à une sécurité sociale, mal gérée, à cause d’une vision erronée de la l’avenir dans les années 50 passerait mieux si en même temps tu n’oubliais pas de critiquer la mauvaise gestion de cette économie outrageusement financiarisée depuis la dérégulation forcenée entamée dans les années 80 . Elle aussi est responsable d’un fort accroissement de la dette des états, prêteurs en dernier ressort des banques qui avaient joué au casino sur les marchés boursiers devenus complètement fous et cette satanée main invisible, elle a fait assez de mal, il suffit de regarder l’état de la planète, cette main invisible elle a surtout puisé sans responsabilité dans des ressources que les hommes pensaient inépuisables il n’y a pas si longtemps encore . Je ne parle pas ici d’une bourse qui permettrait à des entrepreneurs de trouver un financement sur le long terme, que les choses soient claires .

      Dans la critique de nos sociétés modernes il y un point central, qui revient continuellement c’est le – travail – et je vois rarement des idées originales poindre, pourra-t-on un jour mettre au centre du débat politique sa pénibilité, qui n’est pas seulement physique mais surtout aussi psychique ? L’idée d’un revenu de base inconditionnel et pour tous est intéressante malgré ses lacunes, car elle introduirait enfin une notion de liberté inaliénable des individus face à l’emploi qui souvent est subi plus que désiré, c’est pour cela que je ne peux partager ton enthousiasme pour le travail des personnes âgées – si au moins il était désiré  – mais vraiment je ne pense pas que ce soit le cas, l’animation des débats sur l’allongement des retraites est significatif . Il faudrait un peu de couleur autour de cela que nous ayons tous envie de participer; le fameux espoir .

      J’ai l’impression que nos divergences de vue viennent d’une position différente, toi tu imagines que notre système économique est modifiable et pourra continuer et moi je ne vois pas de solutions sans un changement plus radical . Si en 1990 nous avons assistés à la fin du communisme ce n’était pas le fin de l’histoire, comme l’a écrit « Fukuyama », car j’ai bien l’impression que nous allons assister à la fin d’un capitalisme sauvage qui pourrait conduire à une remise en question de nos démocraties .

      Je ne souhaite pas de changements brutaux, comme toi je pense qu’une évolution en douceur est bien plus souhaitable mais j’ai peur que les montées en puissance de tous les nationalismes, toutes les tentions dans le monde, caractérisées par le retour des extrêmes politiques, ne soient l’annonce de lendemains très douloureux . Cela alors que finalement toute notre attention devrait être portée sur les défis que posent la place de l’homme dans son environnement et là je veux te rendre hommage car ton combat pour un monde moins dispendieux en énergie est primordial et on dirait que certains responsables qui nous gouvernent n’ont pas encore compris que nous sortons à grande vitesse du monde de l’énergie facile .

      Vincent Fagnoul

    • le 29 septembre 2014 à 10:33

      Vincent Fagnoul #

      Oups

      …tensions….(et pas tentions )

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