Le barème tue l’emploi

En Wallonie, beaucoup de personnes ne trouvent pas de travail malgré leur désir de travailler. Certains bénéficient d’allocations de chômage mais un nombre croissant en sont exclus et sont à charge des CPAS communaux. Un grand nombre de ces exclus du monde du travail sont des gens trop peu qualifiés : peu ou pas de diplôme et de formation, d’expérience professionnelle, mauvaise connaissance du français, personnes âgées, etc. Pourtant, malgré ces profils professionnels, bon nombre d’entre eux pourraient facilement être engagés pour bon nombre de tâches simple : accueil, assistance à d’autres travailleurs plus qualifiés, travaux de jardinage, travaux ménagers, nettoyage des lieux publics, compagnie pour personnes âgées, etc.

dft-alain-gentil-balayeur-470x313Mais tant les pouvoirs publics que les sociétés privées n’envisagent pas de créer ces emplois basiques, simplement à cause de leur coût.

Le prix d’un salarié

En effet, pour résumer le fatras de lois sociales complexes, engager un salarié qui prestera 1.750 h par an s’il n’est jamais malade, coûte au minimum 30.000 € par an. Le travailleur touchera tout de même 20.000€ par an soit 11,4 € de l’heure au lieu de 10.000 € par an s’il émarge au CPAS, par exemple. Beaucoup de sociétés publiques ou privées pourraient engager du personnel si, par exemple, le coût annuel se limitait à 18.000 € pour octroyer un revenu net annuel de 15.000 € soit un coût horaire net de 8,6 € par heure.

Ce revenu peut paraître trop bas pour vivre mais est quand même 50 % plus élevé que l’allocation du CPAS sans les contraintes interdisant la cohabitation ou les revenus mobiliers. On peut aussi ajouter le bénéfice moral de se sentir utile en remplissant sa part du contrat social. Les CPAS communaux seraient moins sollicités et probablement aussi le Forem. La sécurité sociale bénéficierait de rentrées supplémentaires. Les employeurs publics et privés pourraient fournir un meilleur service. Mais comment est-ce possible qu’il n’y ait aucun perdant ? Simplement car le travail permet la création de richesse contrairement à l’improductivité.

Chers droits acquis

J’anticipe la réaction syndicale et son cortège de slogans sur la destruction de la sécurité sociale, la remise en question des droits acquis, etc.

Il n’est cependant pas question de payer moins la majorité des travailleurs qui trouvent place sur le marché du travail mais de permettre à une minorité de travailler en fonction de leur capacité, ce que les barèmes fixés trop haut par les partenaires sociaux ont interdit depuis des années. D’ailleurs, en Allemagne, où le coût de la vie n’est pas moins élevé, le salaire minimal est moindre que 8,6 € net par heure. Et beaucoup de travailleurs en noir reçoivent encore moins de leur « employeur ».

Il existe aussi des indépendants comme les architectes qui facturent 15 € HTVA de l’heure mais qui après avoir payé leurs cotisations sociales et leurs impôts, perçoivent moins de 8,6 € net par l’heure malgré leurs compétences et leur diplôme universitaire. Aujourd’hui, le coût de l’heure prestée le plus bas qu’on puisse payer un ouvrier du secteur de la construction est de 35 € ce qui est incohérent par rapport au coût horaire de l’architecte qui suit le chantier. C’est tout à fait légalement qu’un ouvrier indépendant peut accepter de facturer nettement moins que le coût horaire d’un ouvrier ou d’un employé. C’est légalement encore que des sociétés étrangères qui respectent la règle de 180 jours par an peuvent mettre à disposition des travailleurs pour moins de 15 € l’heure prestée, ce qui taille des croupières à l’emploi conventionnel, faussement protégé.

C’est la réalité du marché, et nier la réalité – ce petit truc embêtant qui broie les idéologies – conduit à détruire l’emploi plutôt qu’à le développer.

1 commentaire Laissez le votre

  1. le 5 décembre 2016 à 17:53

    Barthélemy Dimitri #

    Bonjour!
    Je rejoins totalement votre avis
    Eux-syndicaliste, j’ai participé, il y a 10 ans à une étude sur les titres-services.
    Ceux-ci ont été créé, au départ, dans cet état d’esprit
    L’étude macro-économique démontrait clairement qu’il était possible de renforcer cette politique, plutôt que de l’étouffer, cela aurait sorti beaucoup plus de gens du noyau dur du chômage, tout en ayant des impacts moindres (vu une série d’effets de retour) sur la sécurité sociale et les finances publics.
    Depuis, on me fait la guerre.
    J’étais devenu un paria, au plan idéologique, pour les organisations syndicales (idéologie conservatrice)…..

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